- cour
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• v. 1352; curt, cortXe; lat. pop. curtis, class. cohors, cohortis « cour de ferme » confondu avec lat. curiaI ♦ Espace découvert, clos de murs ou de bâtiments et dépendant d'une habitation. Cour d'honneur d'un château. La cour intérieure d'une maison. ⇒ patio; antiq. atrium, péristyle. Cour d'un monastère. ⇒ cloître. Au fond de la cour. Cour d'immeuble. Appartement sur rue et cour. Ma chambre « donnait sur une cour de service » (France). Petite cour. ⇒ courée, courette. Théâtre Côté cour (opposé à côté jardin) . — Cour d'une école, cour de récréation. Les enfants jouent dans la cour. Loc. Jouer, passer dans la cour des grands, pour indiquer l'accession à un niveau supérieur, l'admission dans un domaine réservé. Jouer dans la même cour : intervenir dans un domaine similaire, mener des actions comparables.♢ Cour de ferme. ⇒aussi basse-cour.♢ Anciennt Rue en cul de sac. La Cour des Miracles, quartier des truands, des voleurs. « cette redoutable Cour des Miracles, où jamais honnête homme n'avait pénétré à pareille heure » (Hugo). Fig. C'est la cour des miracles, un lieu sordide, mal famé.♢ (Belgique) Toilettes (souvent situées au fond de la cour). Aller à la cour.II ♦ (XIIe cort)1 ♦ Résidence du souverain et de son entourage. Aller, vivre à la cour. Dame d'honneur à la cour. La noblesse de cour, qui vivait près du souverain (par oppos. à la noblesse provinciale) .2 ♦ (1573) L'entourage du souverain. La cour de Louis XIV. Gens de cour. ⇒ courtisan. Toute la cour assistait à la cérémonie. — Les manières de Versailles, considérées comme les meilleures. La cour et la ville.♢ Vx Loc. La cour du roi Pétaud (lat. peto « je demande ») , allus. à l'époque où les mendiants se nommaient un roi qui n'avait guère d'autorité sur ses sujets. ⇒ pétaudière.3 ♦ Le souverain et ses ministres. — Loc. Être bien EN COUR : avoir la faveur du roi; fig. être bien vu d'une personne influente.♢ Le gouvernement du souverain. Bonaparte « venait de faire des arrangements avec la cour de Rome » (Chateaubriand).4 ♦ Cercle de personnes empressées autour d'une autre en vue d'obtenir ses faveurs. Une cour de fidèles, d'admirateurs. ⇒ cercle, cortège, suite. La cour d'un homme puissant. ⇒ clientèle.♢ Loc. FAIRE LA COUR à qqn, chercher à obtenir ses faveurs. ⇒ courtiser. Il lui fait sa cour. — Faire la cour à une femme, se montrer assidu, galant auprès d'elle pour lui plaire (cf. Conter fleurette; fam. faire du gringue, du plat). « il me fit la cour, une cour timide et profondément tendre » (Maupassant). « il lui aurait volontiers fait un doigt de cour » (Beauvoir).III ♦ (XIII e court)1 ♦ Hist. Assemblée des vassaux du roi. ⇒ conseil (du roi), parlement. Cour de parlement : section judiciaire de la cour du roi. Cour plénière : réunion de tous les vassaux du roi. — Cour des aides.2 ♦ COUR D'AMOUR : société provençale de personnes des deux sexes qui traitait et jugeait des questions de galanterie.3 ♦ Mod. Tribunal. Avocat à la Cour. Messieurs, la Cour ! expression par laquelle on annonce l'entrée des magistrats dans l'enceinte du tribunal.♢ COUR D'APPEL : juridiction permanente du second degré, chargée de juger les appels formés contre les décisions rendues par les juridictions inférieures. — La cour d'assises. — La Cour de cassation.♢ C OUR DES COMPTES : corps administratif chargé de contrôler l'observation des règles de la comptabilité publique dans l'exécution des budgets. Conseiller maître, conseiller référendaire, auditeur à la Cour des comptes.♢ La cour martiale. La Haute Cour (de justice) (anciennt),C OUR DE JUSTICE DE LA R ÉPUBLIQUE : tribunal composé de parlementaires, chargé de juger le président de la République et les ministres en cas de faute très grave.♢ La Cour pénale internationale, chargée de juger les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et de génocide. — La Cour suprême.⊗ HOM. Courre, cours, court.courn. f.rI./r Espace environné de murs ou de bâtiments dépendant d'une maison, d'un immeuble public ou privé. Un appartement sur cour. La cour de récréation d'une école. Cour d'honneur d'un palais.— (Réunion) Homme de cour: V. homme (sens 4).|| Cour des Miracles: lieu de réunion des mendiants de Paris, du Moyen âge au XVIIe s., où disparaissaient comme par miracle les infirmités qu'ils simulaient pour mendier; fig. lieu où se trouve une population misérable et inquiétante.|| (oc. Indien) Espace clôturé qui entoure une maison, le plus souvent planté.|| (Afr. subsah.) Ensemble d'habitations donnant sur une même cour; leurs occupants. La cour où je suis né n'existe plus. (V. carré, concession.)|| (Belgique, vieilli; Luxembourg) Toilettes (autref. installées dans la cour des habitations). Aller à la cour.rII./rd1./d Lieu où résident un souverain et son entourage. Vivre à la cour.d2./d Société vivant autour d'un souverain.d3./d Souverain et ses ministres.— être bien, mal en cour: jouir ou non de la faveur du souverain (et, par ext., de qqn).d4./d Ensemble des gens qui entourent une personne et s'efforcent de lui plaire. Avoir une cour d'admirateurs.d5./d Faire la (ou sa) cour à qqn: essayer de gagner sa bienveillance.— Faire la cour à une femme, chercher à la séduire.rIII/rd1./d Siège de justice (ne désigne auj. que les juridictions supérieures). Une cour d'appel, une cour d'assises: V. encycl. ci-après. La Cour de cassation.|| Cour suprême: la plus haute instance du pouvoir judiciaire dans certains pays.— à l'île Maurice, dernière instance judiciaire sur le territoire avant l'appel au Conseil privé de la reine d'Angleterre.|| Cour internationale de justice: V. ce nom.d2./d Ensemble des magistrats de l'une de ces juridictions siégeant ensemble. Messieurs, la cour!d3./d Cour d'amour: au Moyen âge, réunion littéraire d'hommes et de femmes, généralement nobles, jugeant des questions de galanterie chevaleresque.Encycl. Cour d'appel, juridiction du second degré chargée de juger les appels formés contre les décisions des juridictions inférieures. - Cour d'assises, tribunal qui juge les crimes et qui est composé de magistrats (un président et deux assesseurs) et de citoyens (un jury de neuf jurés tirés au sort). La cour siège périodiquement en public (sauf si le huis clos est prononcé) et ses jugements sont sans appel sauf à se pourvoir en cassation.I.⇒COUR1, subst. fém.A.— Espace découvert entouré de murs, de haies ou de bâtiments, attenant à une maison d'habitation et à ses commodités ou à un édifice. Cour intérieure. Cette cour était environnée de haies et de murs assez hauts, et les portes en étaient soigneusement fermées (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 226). D'anciens « atria » se voient à Rome, devant les églises monastiques primitives (...) : ce sont des cours enceintes de murailles peu élevées (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 97) :• 1. Arrivé dans la grande cour carrée de la ferme, garantie des vents par les bâtiments qui l'entourent, on y trouve tous les animaux domestiques réfugiés pêle-mêle avec les enfants de la maison; c'est l'arche de Noé placée sur la terre.BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, p. 26.SYNT., EXPR., a) Cour + subst. [Le compl. désigne des inanimés concr.] Cour d'auberge, de caserne, du château, du collège, du couvent, des diligences, d'école, d'église, d'entrée, de la gare. Cour d'honneur. Principale cour d'un château ou d'un palais. Cour de l'hôpital, de l'hôtel, du lycée, de la maison, du palais, de la prison, de la récréation; cour des Archives, de la Conciergerie, des Hypothèques, des Invalides, des Messageries, du Ministère, du Palais Royal. b) Subst. + de cour [A propos de pers. qui y accomplissent une tâche] Homme de cour. Valet de ferme. Deux vachers ou hommes de cour, un berger et un petit porcher, en tout douze serviteurs (ZOLA, Terre, 1887, p. 99). c) Verbe + prép. + cour. Donner sur cour.— Loc. Côté cour, côté jardin (cf. côté I A 2). P. métaph. Il [Machiavel] est fort amateur de farces et ses principes les plus secs ont toujours un côté cour et un côté jardin (GIONO, Voy. Italie, 1953, p. 257). Entre cour et jardin. Les maisons comme elles sont dans les campagnes (...) entre cour et jardin (A. FRANCE, Bergeret, 1901, p. 87).— Fam. et pop. Être sur la cour. Être au chômage quand on se trouve en prison (d'apr. ESNAULT, [Commentaire (I.G.L.F. 1950) de Chautard, Vie étrange arg. (1931)]). Va pleurer dans la cour. Laisse-nous tranquille (cf. CARABELLI, [Lang. pop.]).Rem. 1. On rencontre également ds la docum. a) l'expr. fille de basse-cour. Fille de ferme. Les postillons, les palefreniers et les filles de basse-cour (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 321). b) Les mots composés avant-cour, arrière-cour, cour-jardin. C'était une petite cour-jardin, tout en broussailles et ordures, entourée d'une palissade branlante, derrière laquelle on voyait des cages à lapins (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 114). 2. PIERREH. 1926 atteste le subst. fém. courtine, région. (Suisse romande) au sens de ,,place ou fosse à fumier``.— P. méton. Groupe de personnes qui se trouvent dans la cour. Tout à coup le bruit courut que les groupes deux à deux étaient interdits. Ce fut une révolution [au collège]. La cour s'émut (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 67).B.— P. anal. Impasse dans les villes, entourée de murs ou de maisons d'habitation. Cour du Commerce. Le club des Cordeliers, à la cour du Commerce (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 342). Cour des Fermes, cour des Miracles. Endroit où se retrouvaient mendiants et truands et où disparaissaient comme par miracle les infirmités qu'ils affectaient au-dehors. Une partie de la cour des Miracles en était close par l'ancien mur d'enceinte de la ville (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 455). Le Borghetto, espèce de cour des Miracles où se rassemblait la canaille (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 206).— P. méton. Groupe de mendiants, de truands et de faux infirmes. Le lépreux avait disparu, ainsi que son conseil de mendiants. La place était nette comme si la cour des Miracles n'y eût jamais siégé (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 230).♦ P. iron. :• 2. Ce fut l'abbé Judaine qui donna le signal du départ pour la Grotte (...) Et l'effrayant défilé, cette cour des miracles de la souffrance humaine roulait sur le pavé en pente.ZOLA, Lourdes, 1894, p. 149.Prononc. :[]. Enq. ://. Ds Ac. 1694-1932. Homon. courre, cours, court, formes du verbe courir. Avant-cour est admis ds Ac. 1694, s.v. avantcour; ds Ac. 1718-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. A. 2e moitié Xe s. cort « espace découvert entouré de murs, d'habitations » (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 244); 1616 Cour des Miracles « repaire de gueux » (DRACHIER D'AMORNY, Le Carabinage ou Matoiserie soldatesque, p. 31 ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 55). B. 1. 2e moitié Xe s. curt « résidence d'un souverain et de son entourage » (Saint-Léger, éd. J. Linskill, 44); 2. ca 1100 curt « entourage d'un souverain » (Roland, éd. J. Bédier, 231); ca 1352 cour de Romme (G. LE MUISIT, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 324); 3. ca 1130 cort « souverain et son conseil » ici « assemblée de vassaux réunie par le souverain pour régler une question importante ou pour une solennité » (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 161); début XIVe s. estre bien de court « jouir de la faveur du roi » (G. GUIART, Royaux Lignages, éd. J.-A. Buchon, t. 8, 11456); 4. a) 1539 Faire la court a quelqu'ung « être empressé auprès de lui pour gagner ses faveurs » (EST.); 1651 spéc. id. à une femme « la courtiser » (CORN., Nicom. I, 1 ds LITTRÉ); b) 1690 cour « ensemble de personnes cherchant à obtenir les faveurs de quelqu'un » (FUR.). C. 1. début XIIe s. curt « siège de justice » (Lois Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 24); 2. XIIIe s. Haute Court (Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t. 1, p. 23); 1549 désigne les tribunaux d'ordre supérieur (EST. : cours souveraines); spéc. 1804 cour de cassation, v. cassation; 3. XIIIe s. « magistrats composant ces tribunaux » (Assises de Jérusalem, t. 1, p. 54); 1690 (FUR.); 4. fin XIIIe-début XIVe s. Court d'Amours (MATHIEU LE POIRIER, Le Court d'Amours [titre] d'apr. Romania, t. 10, 1881, p. 519); 1830 Cour des comptes (BALZAC, 21, 475 ds QUEM.). Du b. lat. curtis « cour de ferme » (VIe s. ds TLL, s.v. cohors, 1550, 6) puis « enclos comprenant maison et jardin, tenure » (d'où l'a. fr. cort « ferme, exploitation agricole » XIIIe s. ds GDF.) et « centre d'exploitation d'un fisc, résidence royale » (Capit. de villis ds NIERM.), « entourage du roi, personnel de la cour royale » (Capit., ibid.), « curia d'un prince territorial, surtout dans sa fonction de tribunal » (1000, ibid.). Curtis est issu du lat. class. cohors « coin de ferme » et dans la lang. milit. « division du camp » d'où « troupes (cantonnées dans cette division) » accessoirement « gardes du corps d'un grand personnage ». L'orth. mod. cour est prob. due à l'infl. du lat. médiév. curia attesté dans des sens analogues (NIERM.).DÉR. Courette, subst. fém. Petite cour intérieure. À droite et à gauche de cette cour, qu'il me faudrait plus justement nommer courette, s'ouvraient les fameux « communs » (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 82). Des courettes d'une tristesse maladive avec leur petit carré d'herbe verte entouré de murs noirs, espèce de fonds de puits tragiques (GREEN, Journal, 1936, p. 66). Semble s'employer plus spéc. dans le Nord pour désigner une petite cour sombre encastrée dans des maisons d'habitation (attesté ds LITTRÉ et QUILLET 1965). — []. Ds Ac. 1932. — 1res attest. a) 1797 (Princesse LOUISE DE CONDÉ dans l'Introduction à sa Correspondance, 1889, p. XV ds R. Philol. fr. t. 27, p. 95 : On dit qu'il est question de donner au roi une petite possession en Russie, de lui laisser porter ce titre et de lui former une apparence de courette); b) [av. 1854 d'apr. Pt ROB.] av. 1866 « petite cour » (Blanqui ds Lar. 19e); de cour, suff. -ette. — Fréq. abs. littér. : 49.BBG. — Archit. 1972, p. 32. — BRUPPACHER (V.). Zur Geschichte der Siedlungsbezeichnungen im Galloromanischen. Vox rom. 1961, t. 20, p. 133. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 218. — Pris ds l'actualité. Amis Lex. fr. Lex. dern. 1975, n° 3, p. 3 (s.v. courette).II.⇒COUR2, subst. fém.I.— [Gén. avec l'idée d'une supériorité aristocratique s'exerçant dans le domaine pol. et soc.]A.— Lieu où réside un souverain et sa suite. Aller vivre à la cour; avoir bouche à cour (vx). (Quasi-)synon. palais. La cour est un lieu de ténèbres. Vous y auriez été une petite lumière (MONTHERL., Reine morte, 1942, I, 2e tabl., 5, p. 156) :• 1. ... M. Decazes est de la cour (...) lui : La cour est mon pays, je n'en connais point d'autre; (...) dans l'idée de tous les courtisans, la cour est l'univers; leur coterie, c'est le monde; hors de là, c'est néant. La nature, pour eux, se borne à l'œil-de-bœuf. La faveur, la disgrâce, le lever, le débotter, voilà les phénomènes. Tout roule là-dessus.COURIER, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 30.— P. anal. La cour céleste. Le paradis (ou, p. méton., l'ensemble des anges, des saints qui siègent autour de Dieu). Elle était la Mère de Dieu; (...) Il se la figurait ainsi au milieu de la cour céleste (ZOLA, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1295). La cour du roi Pétaud [p. allus. au temps où les mendiants élisaient un roi] Endroit ou, p. méton., assemblée où chacun veut commander et où, pour cette raison, règne la plus grande confusion. Leur fameuse société [des économistes] (...) est une fraction de l'immense cour du roi Pétaud (VEUILLOT, Odeurs de Paris, 1866, p. 347).B.— P. méton.1. Personnes de haut rang et de haute qualité qui constituent l'entourage d'un souverain ou d'un prince. La cour, ce sont les généraux, les maréchaux, les hommes qui entourent le roi (COURIER, Pamphlets pol., Procès, 1821, p. 96).• 2. Sous le terme général de Cour, il [Vaugelas] comprend les femmes comme les hommes et « plusieurs personnes de la ville où le Prince réside, » et à qui l'air de la Cour arrive par une communication prochaine et naturelle. Le mot de Cour chez lui revient assez à ce qu'on a appelé depuis la bonne société.SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, t. 6, 1863-69, p. 352.SYNT., EXPR., (relatifs à I A et B 1). a) Cour impériale, papale, royale, seigneuriale; belle, grande, petite, splendide, vieille cour. Cour plénière. Assemblée d'apparat, tenue sous l'autorité du roi, en quelque circonstance solennelle. Tenir cour plénière. Se rassembler en grand nombre. Cette petite salle servait aux Mauvais-Garçons d'Issoudun à tenir leur cour plénière (BALZAC, Rabouil., 1842, p. 380). P. anal. [en parlant d'animaux] Les chauve-souris et les rats tiennent leur cour plénière (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 307). Cour de la duchesse, de l'empereur, du prince, de la princesse, du roi, du seigneur; ambassadeur, bouffon, dame, fournisseur, gentilhomme, maréchal, ministre de cour. Noblesse de cour [p. oppos. à la noblesse de province] La noblesse de province, souvent plus pure de race que ne l'est la noblesse de cour (BALZAC, Langeais, 1834, p. 227). Parti, personnage, personne, poète de (la) cour. Les oiseaux chantent pour n'importe qui, comme les poètes de cour (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 64). Anecdote, bal, bruit, charge, esprit, étiquette, faste, faveur, fête, pompe de cour. Habit, manteau, robe de cour. Tenue prescrite par l'étiquette. b) Péj. Abbé de cour. Prêtre élégant et mondain (cf. Abbé ex. 15). Femme, gens, homme de cour. Personne(s) attachée(s) au roi ou à un prince; p. ext., qui use(nt) de ruse et de flatterie à la cour ou comme à la cour. Il ne commet jamais une indiscrétion, lui, l'homme de cour qui connaît tous les détours du sérail (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 18). Amitié de cour. Amitié sur laquelle on ne peut guère compter. Le monde est si méprisable que le peu de gens honnêtes qui s'y trouvent estiment ceux qui le méprisent (...). Amitié de cour, foi de renards et société de loups (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 39). Eau bénite de cour. Fausse protestation d'amitié ou proposition de service. Il est venu un monsieur avec l'espérance d'une pension... Eau bénite de cour, ... rien de comptant (STENDHAL, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 356).— En partic. Le souverain et son gouvernement composé de ministres et de conseillers. Malgré les ordres de la cour, le patriarche osa opposer sa volonté à une concession aussi sage que politique (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 280).♦ Spéc. (en pol. extérieure). Un envoyé extraordinaire de la cour de France à Saint-Pétersbourg (DUMAS père, Teresa, 1832, IV, 13, p. 218). Il n'y avait dans le sein de l'Église qu'une seule force qui pût y réussir : c'était la cour de Rome, la papauté (GUIZOT, Hist. civilisation, Leçon 6, 1828, p. 33).SYNT., EXPR., Recevoir un ordre, servir les intérêts de la cour; jouir de faveur à la cour; être bien/mal en cour. Il n'y avait pas de bonnes manières qu'on ne lui fît [à la mule du Pape]; car chacun savait que c'était le meilleur moyen d'être bien en cour (A. DAUDET, Lettres moulin, 1869, p. 63). Avoir quelque crédit à la cour; avoir quelqu'un en cour (cf. DUMAS père, Tour Nesle, 1832, I, tabl. 1, 2, p. 8).2. P. anal. Réunion de personnes empressées de plaire. Il ne marchait qu'entouré d'une petite cour d'évêques et d'abbés de hautes lignées, galants, grivois et faisant ripaille au besoin (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 42). À vingt ans elle a sa cour d'hommes de lettres et sa ferme modèle, son hôpital et ses collections (GIRAUDOUX, Judith, 1931, I, 2, p. 24) :• 3. À l'escorter sa cour [de Morgane] est préparée :Quatre lutins, à l'aile diaprée,Sont les coursiers de son char nébuleux;Et, dans sa main, la branche balancée,Sceptre léger, ressemble au caducéeQui mène au Styx les mânes fabuleux.BAOUR-LORMIAN, Les Veillées, 1827, p. 279.C.— P. ext.1. Hommage respectueux que l'on adresse à une personne généralement de haut rang. Faire la cour à; faire un doigt, un brin de cour; faire sa cour aux dépens de qqn. Il a fait sa cour aux prêtres, aux nobles et aux rois, dans l'espoir de se faire accepter pour monarque légitime (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 271). Il aime mieux faire la cour à M. le Ministre de l'Intérieur qu'à l'épicier du coin de la rue (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1836, p. 3).— P. anal. M. le bailli faisait la cour à Dieu comme aux puissances de la terre; il ne se passait jamais de la grand'messe (TILLIER, Oncle Benjamin, 1843, p. 164).2. En partic. Attentions marquées, intérêt déférent qu'un homme témoigne à une femme pour la conquérir. Faire une cour assidue, empressée, pressante. Le beau Thuillier passa pour faire un doigt de cour à madame Colleville, et il fut un de ses attentifs (BALZAC, Pts bourg., 1850, p. 30). Il fait la cour à toutes les femmes, il a une façon de les regarder, assez gênante (BERNSTEIN, Secret, 1913, II, 7, p. 22) :• 4. Je lui fis la cour, une cour d'essai à laquelle elle répondit par des provocations évidentes. Nous en fûmes bientôt aux regards tendres, aux mains pressées, à toutes les petites galanteries qui précèdent la grande attaque. (...) la plupart des liaisons mondaines, même très courtes, ne valent pas le mal qu'elles nous donnent ni tous les ennuis qui peuvent en résulter...MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, La Porte, 1887, p. 1074.— P. anal. Amant du soleil, il lui faisait sa cour. Il rêvait qu'il se parait pour le soleil, qu'il lui tendait des pièges gracieux (JOUHANDEAU, M. Godeau, 1926, p. 232).II.— DR. Lieu où la Justice est rendue (primitivement par les souverains, puis par les magistrats), organe de justice.A.— [Dans l'anc. temps] Tribunal.Rem. Attesté ds Ac. 1878, BESCH. 1845, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, ROB., QUILLET 1965.SYNT., EXPR., Cour royale. Se pourvoir en cassation (...) contre l'arrêt rendu par la cour royale (Code d'instruction criminelle, 1808, p. 786). Cour souveraine. Il n'y avait ni juge-commissaire, ni agent, ni cour souveraine possible dans l'endroit où la banqueroute avait éclaté (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 367). Cour des aides, p. anal., arg., aller à la cour des aides [en parlant d'une épouse]. Aller chercher remède aux négligences ou aux insuffisances de son mari auprès d'un amant (d'apr. DELVAU, Dict. lang. verte, 1866, p. 6). Cour d'église. Procureur du roi en cour d'église (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 77). Cour de parlement. La première présidence de la cour de parlement (ID., ibid., p. 226).— P. anal. Cour(s) d'amour. Société(s) de personnes qui au Moyen Âge s'étai(en)t formée(s) en Provence pour y débattre notamment de questions de galanterie (cf. amour ex. 218). Toute prête aussi à être la reine de Saba pour un nouveau Salomon et à entreprendre avec lui une dispute de cour d'amour (GIRAUDOUX, Judith, 1931, II, 1, p. 115).B.— [Dans la nouvelle Juridiction] Tribunal supérieur. Le Conseil supérieur de la Magistrature fait des propositions pour les nominations de magistrats du siège à la Cour de Cassation et pour celles de Premier Président de Cour d'Appel (Doc. hist. contemp., 1852-1959, p. 214).SYNT., EXPR., Cour martiale, régionale. Le pourvoi en cassation peut être introduit aussi bien contre un jugement du Tribunal départemental que contre un jugement de la Cour régionale (LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p. 294). Cour suprême. Comment justifier la création d'une Cour Suprême de Justice avec mission d'établir, sous le contrôle de l'envahisseur, la responsabilité de la France dans la guerre (Procès Pétain, 1945, p. 28). Cour d'appel, d'assise, de cassation. Cour des comptes. Juridiction financière habilitée à contrôler les comptables de l'État et à vérifier le budget des administrations. La Cour des comptes (...) examine la comptabilité publique en général après une période de cinq à six ans (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 246). Cour de discipline budgétaire. Juridiction administrative habilitée à sanctionner les ordonnateurs qui ont responsabilité des deniers publics. La cour de discipline budgétaire est compétente à l'égard de tous les agents du secteur public ou semi-public y compris ceux des collectivités locales (sauf les maires), (...) (BELORGEY, Gouvern. et admin., Fr. 1967, p. 209). Cour de Justice. Juridiction d'exception ayant à juger les infractions concernant la sûreté de l'État. [En dr. internat.] Juridiction des trois communautés européennes. Si la Cour de Justice reconnaît qu'un État membre a manqué à une des obligations (...), cet État est tenu de prendre les mesures que comporte l'exécution de l'arrêt de la Cour de Justice (Traité instit. (EURATOM), 1957, p. 359). Cour internationale de Justice. Organe juridictionnel des Nations Unies. Tous les membres des nations unies sont ipso facto parties au statut de la cour internationale de justice (Charte Nations-Unies, 1946, p. 100). Cour permanente de justice internationale. Ancienne juridiction des Nations Unies. Lorsqu'un traité ou une convention en vigueur prévoit le renvoi à une juridiction que devait instituer la société des nations ou à la cour permanente de justice internationale, la cour internationale de justice constituera cette juridiction entre les parties au présent statut (ibid., p. 122). Haute cour de justice, cour de sûreté de l'État. L'ordonnance du 13 novembre 1944 (...) a institué la Haute Cour de Justice à l'effet de juger les personnes ayant participé, notamment sous la dénomination de « Chef de l'État » à l'activité des gouvernements ou pseudo-gouvernements qui ont eu leur siège dans le territoire de la métropole (Procès Pétain, 1945, p. 22).— Loc. Hors cour; renvoyer un jugement hors cour. Résultat du conseil de guerre (...) :« L'armée innocentée, le général innocent, le ministre hors de cour (CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 111).— P. anal. Chaque genre jouissait du degré de considération qu'il méritait; chaque théâtre avait sa cour spéciale, son tribunal ad hoc (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 231).— P. méton. Ensemble des magistrats qui siègent pour rendre la justice. Faire partie de la cour; juge, magistrat, président, procureur de la cour. Messieurs, la Cour. Les membres de la cour sont élus par l'assemblée générale et par le conseil de sécurité sur une liste de personnes présentées par les groupes nationaux de la cour permanente d'arbitrage (Charte Nations-Unies, 1946, p. 110) :• 5. Le président répéta la question. Cette fois l'homme entendit. Il (...) regarda le public, les gendarmes, son avocat, les jurés, la cour...HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 329.Prononc. Cf. cour1. Étymol. et Hist. Cf. cour1. Fréq. abs. littér. :12 020. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 22 898, b) 18 393; XXe s. : a) 17 507, b) 11 193. Bbg. DARM. Vie 1932, p. 93, 189. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 443. — GOUG. Mots t. 1 1962, pp. 168-171.cour [kuʀ] n. f.ÉTYM. V. 1352; court, déb. XIVe; curt, cort, Xe (sens I et II), du bas lat. curtis « cour de ferme », du lat. class. cohors, cohortis « cour de ferme » et par ext. « division du camp ». → Cohorte.❖———1 Espace découvert, clos de murs ou de bâtiments et dépendant d'une habitation. || Cour principale. — Cour d'honneur (cit. 88) d'un château, d'un hôtel, d'un collège; cour située devant l'entrée principale. ⇒ Avant-cour. || Cour intérieure dallée d'une maison. ⇒ Patio. || Cour d'un monastère. ⇒ Cloître. || Cour intérieure d'une maison romaine. ⇒ Atrium, aula. || Au fond de la cour. Cour de service. ⇒ Arrière-cour. || Maison bâtie entre cour et jardin. || Chambre donnant sur la cour. — Théâtre. || Côté cour, opposé au côté jardin. ⇒ Côté. || Cour sombre, obscure; cimentée, pavée, sablée, gazonneuse. — Cour d'une école. || Les élèves jouent dans la cour. || Surveiller la cour de récréation. || Cour couverte d'une école. ⇒ Préau.1 Les classes venaient de finir; les externes étaient sortis, les autres s'amusaient dans une cour éloignée.Loti, Matelot, III, p. 10.2 De ma chambre, la vue n'était ni belle ni étendue; elle donnait sur une cour de service.France, le Petit Pierre, XXXV, p. 249.3 Dès la dernière phrase d'Honoré, Jerphanion glisse entre les bancs, atteint agilement la porte, le bout du couloir, la cour, le portail, comme s'il traversait des lieux pleins de vapeur dangereuse, et attendait d'être dehors pour respirer.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 149.4 Il fréquentait chez un petit marchand de vin, au fond d'une cour pleine d'ombre et qui sentait le chais, non loin de la place de la Cebada.P. Mac Orlan, la Bandera, XX, p. 245.2 Cour de ferme : terrain situé près des (ou entre les) bâtiments. ⇒ Basse-cour, 1. pailler.3 Anciennt. À Paris, rue en cul-de-sac. || La cour des Fermes. — ☑ Loc. La Cour des Miracles : quartier des truands et des malandrins, ainsi appelé parce que les infirmités des mendiants de ce quartier disparaissaient dès qu'ils avaient regagné leur repaire.5 Il était en effet dans cette redoutable Cour des Miracles, où jamais honnête homme n'avait pénétré à pareille heure; cercle magique où les officiers du Châtelet (…) qui s'y aventuraient disparaissaient en miettes; cité des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris (…) ce ruisseau de vices, de mendicité, de vagabondage (…) ruche monstrueuse (…) hôpital menteur (…) C'était une vaste place, irrégulière et mal pavée (…) C'était comme un nouveau monde, inconnu, inouï, difforme, reptile, fourmillant, fantastique.Hugo, Notre-Dame de Paris, I, II, VI.♦ Une cour des Miracles : un lieu mal famé, peuplé de mendiants, de voleurs. — Par métonynie. Groupe de mendiants. || C'est une vraie cour des Miracles. ⇒ Repaire.6 (…) j'ai fait des études de mœurs que peu de gens ont pu faire, dans les cours des miracles et les tapis-francs des Juifs de la Turquie.Loti, Aziyadé, Salonique, XIIII, p. 20.———II (XIIIe, cort; du bas lat. curtis). Hist. féod. Ferme, exploitation agricole. — Territoire d'un prince (curia).———1 Résidence du souverain et de son entourage. || Aller à la cour. || Vivre à la cour. || La noblesse de cour, par oppos. à la noblesse provinciale : la noblesse qui vivait près du souverain.7 Mes yeux sont trop blessés, et la cour et la villeNe m'offrent rien qu'objets à m'échauffer la bile (…)Molière, le Misanthrope, I, 1.8 Qu'après plus de six mois que je t'avais perdu,À la cour de Pyrrhus tu me serais rendu ?Racine, Andromaque, I, 1.9 (…) c'est ce siècle (le XIXe) […] (plus exactement la fin du XVIIIe) qui aura vu, en France, la haine de la noblesse de cour et de la noblesse provinciale s'éteindre au profit de la haine de l'une et de l'autre pour tout ce qui n'est pas noble (…)Julien Benda, la Trahison des clercs, I, p. 99.2 L'entourage du souverain (⇒ Courtisan). || La cour de Louis XIV. Gens de cour. || Dame d'honneur à la cour. || Dame de la cour de la reine. || Intrigue de cour. || La cour a suivi le roi. || Toute la cour assistait à la cérémonie. || Étiquette de cour. || Le ton, l'air (→ Air, cit. 24 à 26), l'esprit de la cour. — Les petites cours : les cours des princes. || La cour du duc d'Artois.♦ (Au XVIIe). Les manières, le milieu de Versailles. || La cour et la ville (Paris). || Savoir la cour : être au fait des manières de la cour. || Page de cour. || Habit, robe, manteau de cour, prescrit par l'étiquette de la cour.10 Je définis la Cour un pays où les gens,Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,Sont ce qu'il plaît au Prince, ou, s'ils ne peuvent l'être,Tâchent au moins de le paraître,Peuple caméléon, peuple singe du maître (…)La Fontaine, Fables, VIII, p. 14.11 Vous êtes peu du monde et savez mal la cour (…)Corneille, Nicomède, III, 5.12 La ville n'a pas été de l'avis de la cour (…)La Bruyère, les Caractères, XV, 5.13 Deux sortes de gens fleurissent dans les cours, et y dominent dans divers temps, les libertins et les hypocrites : ceux-là gaiement, ouvertement (…) ceux-ci finement, par des artifices (…)La Bruyère, les Caractères, XVI, 26.14 (…) il (le roi) vivait au milieu d'un entourage appelé la cour, d'un nom populaire qui désignait à la fois la maison et le domaine.Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franç., IV.♦ ☑ Loc. De l'eau bénite de cour. ⇒ Bénir (supra cit. 26). ☑ Ami de cour. ⇒ Ami. — ☑ Abbé de cour, se dit en mauvaise part d'un ecclésiastique mondain.14.1 (…) l'idée a dû être caressée par un joli petit abbé de cour.Th. Gautier, Constantinople, p. 26.♦ ☑ Homme de cour, en parlant de qqn qui affecte la flatterie, le goût de l'intrigue.♦ Par anal. ☑ La cour céleste : le ciel, Dieu, les anges. ⇒ Paradis.♦ ☑ Loc. La cour du roi Pétaud, allus. à l'époque où les mendiants se nommaient un roi (lat. peto : je demande), qui n'avait guère d'autorité sur ses sujets. L'expression c'est la cour du roi Pétaud se dit d'une maison, d'une assemblée où chacun veut commander, veut parler à la fois. ⇒ Pétaudière; confusion, désordre.15 On n'y respecte rien, chacun y parle haut,Et c'est tout justement la cour du roi Pétaut(d).Molière, Tartuffe, I.3 Le souverain et ses ministres. || Recevoir un ordre de la cour. ☑ Loc. Être bien en cour : avoir la faveur du roi, et au fig., être estimé, être bien introduit auprès de quelqu'un.4 (Politique extérieure). Le gouvernement du souverain, dans ses relations diplomatiques avec les autres gouvernements. || Correspondre avec la cour d'Angleterre.16 Bonaparte, désirant alors fonder sa puissance sur la première base de la société, venait de faire des arrangements avec la cour de Rome.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 202.5 ☑ Loc. Faire la cour à… : présenter ses hommages (au souverain). ⇒ Courtiser; courtisan. — (1539). || Faire la cour, sa cour à qqn, chercher à obtenir ses faveurs.17 Quand, dans un royaume, il y a plus d'avantage à faire sa cour, qu'à faire son devoir, tout est perdu.Montesquieu, Cahiers, p. 112.6 (1690). Cercle de personnes empressées (autour de qqn) en vue d'obtenir des faveurs. || Femme qui a une cour d'admirateurs. ⇒ Cercle, cortège, suite. || La cour d'un homme important, riche, puissant. || Tenir sa cour : réunir autour de soi une cour d'admirateurs. || Il réunit toute une cour autour de lui.18 Ils abordèrent un rivageOù la fille du dieu du jour,Circé, tenait alors sa cour.La Fontaine, Fables, XII, 1.19 Elle l'avait trouvé (Talleyrand) à Paris paré de l'auréole que tout un monde, gouvernants et opposants, mettait autour de l'homme, entouré d'une vraie petite cour dans son hôtel princier et considéré comme l'oracle de son temps.Louis Madelin, Talleyrand, XXXIV, p. 372.7 ☑ (1651). Loc. Faire la cour à une femme, lui manifester son admiration, se montrer assidu, attentif, courtois, galant auprès d'elle en vue de lui plaire (→ Fleurette : conter fleurette). || Faire une cour respectueuse, timide, discrète, déclarée, assidue. ☑ Faire un brin (1843), un doigt de cour. ⇒ Galanterie.20 (…) il était allé faire à l'Aurore sa courParmi le thym et la rosée.La Fontaine, Fables, VII, 16.21 Un amant fait sa cour où s'attache son cœur;Il veut de tout le monde y gagner la faveur;Et, pour n'avoir personne à sa flamme contraire,Jusqu'au chien du logis il s'efforce de plaire.Molière, les Femmes savantes, I, 3.22 Souvent un homme d'esprit en faisant la cour à une femme n'a fait que la faire penser à l'amour, et attendrir son âme (…)Stendhal, De l'amour.23 (…) il me fit la cour, une cour timide et profondément tendre (…)Maupassant, Clair de lune, p. 151.24 L'ensemble des cérémonies, manèges et jeux par lesquels les amants cherchent à plaire se nomme la cour.A. Maurois, Un art de vivre, II, 4, p. 66.24.1 Elle était jolie, ce soir, et il la trouvait romanesque, dans son tailleur austère. Si elle n'avait pas été une vieille amie (…) il lui aurait volontiers fait un doigt de cour.S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 17.———IV (Déb. XIIe, curt). Par ext.1 Hist. À l'époque féodale, Assemblée d'ecclésiastiques et de laïques, vassaux du roi, chargée d'examiner les questions importantes du gouvernement royal. ⇒ Assemblée; conseil (du roi), parlement. || La cour du roi. || Le roi sollicitait l'aide et les conseils de sa cour. Attributions politiques de la cour du roi. || Cour de parlement : section judiciaire de la cour du roi. || Les arrêts de la cour (→ Article, cit. 19). — Cour plénière : réunion de tous les vassaux du roi. — Cour des pairs : assemblée comprenant six ecclésiastiques et six laïques, ducs et comtes, et chargée de juger les pairs de France.25 La cour du roi se réunit d'ordinaire aux grandes fêtes religieuses, dans la ville où le roi séjourne à ce moment. Sa réunion, accompagnée de festins et de réjouissances, assure d'abord un contact personnel et cordial entre le roi et ses vassaux. Puis la cour participe à la besogne du roi en délibérant solennellement sous sa présidence.Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., p. 157.26 À ses débuts, la cour du roi n'a pas d'organisation fixe (…) La composition courante présentait des garanties suffisantes pour les justiciables ordinaires. Par contre, douze vassaux privilégiés, les douze pairs de France, ne peuvent être jugés par elle que si elle est garnie d'un nombre suffisant de leurs pairs et devient ainsi la Cour des pairs.Olivier-Martin, Précis d'hist. du droit franç., p. 161.♦ Tribunal de la Cour d'Allemagne. ⇒ Aulique. — (Fin XIIIe). || Cour d'amour : société provençale de personnes des deux sexes qui traitait et jugeait des questions de galanterie.27 Il y a eu des cours d'amour en France, de l'an 1150 à l'an 1200. Voilà ce qui est prouvé. Probablement l'existence des cours d'amour remonte à une époque beaucoup plus reculée. Les dames réunies dans les cours d'amour rendaient des arrêts soit sur des questions de droit, par exemple : L'amour peut-il exister entre gens mariés ? (…)Stendhal, De l'amour, Appendice, p. 336.28 Il est probable que six mois dans une cour d'amour, six mois de conversations subtiles et de sonnets à la Pétrarque, six mois de raffinement provençal et de sublimation des instincts auraient agi autrement (…)J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, VII, p. 71.♦ Cour des aides. ⇒ Aide. — Cour laye ou cour laïque, par oppos. à cour d'église. — Cour des monnaies.2 Mod. Tribunal d'un ordre supérieur. ⇒ Tribunal. || La cour est composée de magistrats exerçant un pouvoir de justice. || Cour souveraine, qui juge sans appel. || Cour prévôtale (sous l'Ancien Régime et pendant la Restauration).♦ (Institutions françaises). || Cour d'appel : juridiction permanente du second degré, comprenant une ou plusieurs chambres, composées d'un Premier Président, de Présidents de chambres et de juges, et chargée de juger les appels formés contre les décisions rendues par les juridictions immédiatement inférieures. || Juge à la cour d'appel. ⇒ Conseiller. || Avocat à la cour d'appel de…♦ Cour d'assises. ⇒ Assise.♦ Cour de cassation. ⇒ Cassation.♦ (XIIIe). Par métonymie. Ensemble des magistrats qui rendent la justice dans un tribunal. || Faire partie de la cour. || Procureur de la cour. || Messieurs, la Cour !, expression par laquelle on annonce l'entrée des magistrats dans l'enceinte du tribunal.♦ (1830). || Cour des comptes : corps administratif chargé de contrôler, après l'expiration de la période budgétaire, l'observation des règles de la comptabilité publique dans l'exécution des budgets. || Les arrêts de la Cour des comptes sont susceptibles de recours en cassation devant le Conseil d'État. || Conseiller maître, conseiller référendaire, auditeur à la Cour des comptes.♦ Cour de discipline. ⇒ Discipline (chambre de discipline).♦ Cour criminelle. ⇒ Criminel.♦ Cour de sûreté de l'État.♦ Milit. || Cour martiale. ⇒ Martial.♦ Haute cour de justice.♦ Cour de justice de la république : tribunal composé de parlementaires, chargé de juger la responsabilité pénale du président de la République et des membres ou anciens membres du gouvernement qui auraient commis des crimes ou des délits graves dans l'exercice de leurs fonctions.♦ Dr. internat. || Cour permanente de justice internationale : juridiction internationale, créée en 1919 et chargée de contrôler la signature de tous les traités, de donner des avis consultatifs à la S. D. N. || La Cour permanente de justice internationale, supprimée en 1945, a été remplacée par la Cour internationale de justice. || La Cour de La Haye.❖CONTR. Jardin. — Ville.DÉR. Courette. — Courtil, courtois.COMP. Arrière-cour, avant-cour, basse-cour.HOM. Courre, cours, court; formes du v. courir.
Encyclopédie Universelle. 2012.